Le soleil de Laurent
Posted on | avril 22, 2003 | No Comments
Jérôme Garcin dans « Théatre intime » décrit les toiles de son frère en ces mots: « Ceux qui opposent l’art figuratif à l’art abstrait n’ont jamais vu les toiles de Laurent Garcin.
Ils ne savent pas combien les deux sont aussi complémentaires et indissociables que la vie réelle et la vie rêvée. Dans ses tableaux imaginaires, Laurent représente en effet très exactement la forme du bonheur et le visage de l’espérance. Il décrit ce qui l’habite, où il habite, et que nous ne voyons pas. C’est un pur artiste.
Ses alliées substantielles sont les couleurs. Elles sont brûlantes, vibrantes, vivantes. Elles ont raison des douleurs secrètes. Elles allègent la mémoire trop lourde. Elles opposent à l’hostilité du monde moderne, à l’indifférence de nos époques blasées, une exceptionnelle rage d’exister, un bouleversant désir d’aimer. Et elles ont besoin, comme d’une complice, de la lumière du jour : je me souviens d’une exposition de Laurent organisée, un jour de printemps, au dernier étage d’un immeuble parisien ; le soleil entrait par toutes les fenêtres ouvertes, il caressait timidement les ocres, les rouges, les oranges, les bleus, et puis il s’installait, comme chez lui, dans tous ces jaunes d’or, paille, citron, moutarde, serin, vangoghiens, et l’on ne savait plus si c’était le soleil qui éclairait les tableaux de Laurent ou les tableaux qui, à cet instant précis, illuminaient le soleil.
Alors, quand il fait nuit dehors, quand le cœur est noir, quand le temps pleure des larmes inutiles, c’est vers les toiles de Laurent, mon frère, le plus rayonnant des silencieux, le plus généreux des solitaires, le plus figuratif des peintres abstraits, que naturellement je me tourne : par son art, tout de gratitude, il remercie la vie du talent qu’elle lui a donné et il nous récompense de la pureté qui nous a été refusée ».
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